Atelier 2 C'était il y a ... Ecrire à partir d'une photo
Les photos choisies par les élèves ont été extraites du livre : Les plus grands photographes de LIFE,John LOENGARD, Gordon PARKS. Paris : La Martinière, 2009.
Les photographies ont été données sans les légendes.
Le récit pouvaient inclure la photographie ou simplement l'illustrer.
Résistance
C'était en été au début des années 40. Un soir des militaires sont venus chez nous. Ils cherchaient des juifs que nous avions cachés... Tout est allé très vite. Ils prirent tout ce que nous possédions, puis nous enfermèrent dans une voiture.
Ils nous emmenèrent là-bas. On nous sépara les uns des autres, on nous donna des numéros à la place de nos noms. Plus personne ne nous appela par nos prénoms.
Chaque fois que nous commettions une faute, nous étions battus. Le soir, on entendait les enfants pleurer ; nous n'avions rien à manger.
Bien plus tard, on vint nous libérer.
(extraits) de Olivia (photographie : Officiers observant un essai nucléaire à douze kilomètres, Yucca flat, Nevada, 1953, J.R. EYERMAN)
Les yeux vides
Le bal allait commencer. Les journalistes nous regardaient, tout le monde nous regardait. Il me prit la main et me conduisit sur la piste de danse. Nous commençâmes à danser, un slow. J'imaginais déjà la une de ciné-magazine : "La chanteuse la plus connue au bras du plus célèbre sportif ! Les deux coeurs à nouveau réunis malgré la haine familiale !"
Pas un chuchotement dans la salle de réception. Tout le monde nous regardait, mais je m'en moquais. Je cherchais du regard mes proches, mes amis, ma famille. Je vis à quel point ils semblaient déçus, choqués. Je retrouvais leur pire ennemi...
Je replongeais dans les yeux gris de mon amant. Encore une fois je m'y égarais. Je l'aimais à en mourir. Avais-je le choix ? C'était lui ou eux. Lui. Eux. Il me fallait choisir entre l'amour de ma famille ou l'amour de cet homme. Il me regarda. Il comprit. L'éclat de joie qui brillait habituellement dans ses yeux était absent. Il me murmura : "Est-ce la fin ?" J'acquiesçais.C'était la fin. Il posa ses lèvres sur les miennes. Je voulais que ce baiser ne se termine jamais... "Je t'aime" me chuchota-t-il à l'oreille. Puis il partit. Une larme coula sur ma joue. J'essayai de sourire à mes amis, mais ce que fit ressemblait plutôt à une grimace. Ils auraient dû être satisfaits mais je ne voyais que leur égoïsme. Je séchais mes larmes et me dirigeai vers les journalistes. Je pris la pose pour eux. Mon regard était éteint, je ne sentais plus rien.
Albane (Photographie : Elizabeth Taylor, 1948, Philippe HALSMAN)
18h/6h50
New York, 1971. Il venait de se réveiller. Six heures du soir. Dans son appartement de Chelsea, il regarda la fenêtre puis l'horloge. Six heures quinze. Ce soir c'était l'inauguration d'une expo de photos dans une galerie d'art de la 73e. C'était Adam, un ami qui exposait des collages photographiques représentant le New York de la solitude nocturne, de la dépression. Tout son cercle d'amis était composé d'artistes névrosés. A New York les soirées ne commencent que vers vingt-trois heures, comme ça les gens peuvent faire plusieurs soirées dans la nuit. Il sortit dans un club de Jazz en première partie de soirée, seul à sa table : Saxo, Piano et Contrebasse. Il commanda un merlot et s'affala sur la table en écoutant la musique. Vingt-deux heures. Il sortit, prit le métro et alla dans la galerie. A l'intérieur, tout était noir, on devait regarder les photos a la lampe de poche, très conceptuel. Ils s'étaient tous retrouvés, Adam, Elen et Jeremy et lui. Tous les quatre artistes. Ils discutaient, une flûte de champagne à la main. Toute la crème New Yorkaise était là. vingt-trois heures trente, ils sortirent dans la rue, encore en train de parler de la vie, des relations, de ce qu'ils pourraient bien fumer. La nuit était sombre, le trottoir était éclairé par la vitrine du magasin de musique. Quelques taxis passaient. Ils s'assirent, s'allongèrent dans la rue sombre, la rue au bar "Sexy Dance" et au magasin de musique. Elen fut la première, puis Adam, Jeremy et Lui.
Au matin, quatre cadavres, les veines sectionnées. Personne ne sut pourquoi ils avaient mis fin à leur vie, courte et névrosé d'artistes New Yorkais. Le matin se leva sur cette simple soirée entre amis. Les gens passait seuls, en fumant, devant eux, dans cette rue. Six heures cinquante. Quand la nuit noire disparut avec eux.
Diego (Photographie : Marins en quête d'amusement dans Times Square sous couvre-feu, New York, 1945, Herbert GEHR)