Sur Un Long Dimanche de fiancailles de Sébastien JAPRISOT publié en Folio Gallimard en 1991
Lecture qui peut compléter la séquence (de 3e) à venir sur "L'homme en guerre" (textes narratifs complexes / 1ère Guerre Mondiale)
Le résumé proposé sur Wikipédia
À 8 ans, Mathilde fait la connaissance de Jean, dit Manech ; les années passant, il devient l'homme de sa vie. Appelé jeune, il part à la guerre en 1917. Ne supportant pas la vie dans les tranchées, Manech s'auto-mutile pour être démobilisé.
Janvier 1917 : cinq soldats français sont condamnés à mort en conseil de guerre, dont Manech : ils seront jetés par-dessus le rebord des tranchées dans le no man's land. Toute une nuit et toute une journée, ils vont tenter de survivre. À l'autre bout de la France, Mathilde aime toujours ce bleuet Manech d'un amour à l'épreuve de tout. La paix venue, Manech sera porté pour mort, mais elle se battra pour connaître la vérité et le retrouver, mort ou vivant, dans le labyrinthe où elle l'a perdu. Tout au long de ce qu'on appellera ensuite les années folles, ses recherches seront ses fiançailles. Mathilde y sacrifiera ses jours et, malgré le temps, malgré les mensonges, elle ira jusqu'au bout de l'espoir insensé qui la porte. Elle le recherchera contre vents et marées.
Quelques notes personnelles pour présenter le roman.
Ce qui m'a le moins plu :
certains aspects du roman trop peu crédibles (des parents doublés de "tuteurs" à la fois très présents et toujours "discrets", des confidences intimes par lettre à une inconnue, des personnages parfois caricaturaux - Tina, Mme Conte ; la "Tueuse des armées" dont on n'entend parler que très tardivement, ce qui suppose une absence d'échos dans la presse... alors que tout le roman est une quête d'informations)
Ce qui m'a plu :
- l'évocation de la vie dans les tranchées
- le caractère du personnage principal : son obstination, sa confiance dans son intuition, sa sensualité et sa sensibilité, son mauvais caractère...
- l'expression souvent imagée, fantaisiste, l'humour, les effets dus aux différents niveaux de langue, une atmosphère évoquant le jeu, l'enfance qui fait que le défaut de crédibilité est oublié
- les jeux avec le temps : retours en arrière, anticipations et surtout reprise, réitération du même moment, d'une même scène sous différents points de vue, avec sa suite ou sa fin que l'on attend...
C'est, me semble-t-il, la grande réussite du roman que cette "mise au point" de plus en plus précise sur un moment du passé occulté, caché, tu.
La première lecture / vision de la scène qui ouvre le roman demande au lecteur une qualité d'attention et de mémorisation réelles, mais cet "effort" va être soutenu par l'ensemble des personnages du roman qui participent à cette remémoration.
Aussi le lecteur se sent-il à la fois sollicité dans ce travail de recherche, accompagné par les personnages et porteur d'un souvenir partagé... Impression subtile et très agréable !
Un entretien d'Audrey Tautou sur le site @lalettre