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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 19:15
Quelques notes de lecture...
Sur Un Long Dimanche de fiancailles de Sébastien JAPRISOT publié en Folio Gallimard en 1991

Lecture qui peut compléter la séquence (de 3e) à venir sur "L'homme en guerre" (textes narratifs complexes / 1ère Guerre Mondiale)
Le résumé proposé sur Wikipédia
 

         À 8 ans, Mathilde fait la connaissance de Jean, dit Manech ; les années passant, il devient l'homme de sa vie. Appelé jeune, il part à la guerre en 1917. Ne supportant pas la vie dans les tranchées, Manech s'auto-mutile pour être démobilisé.

Janvier 1917 : cinq soldats français sont condamnés à mort en conseil de guerre, dont Manech : ils seront jetés par-dessus le rebord des tranchées dans le no man's land. Toute une nuit et toute une journée, ils vont tenter de survivre. À l'autre bout de la France, Mathilde aime toujours ce bleuet Manech d'un amour à l'épreuve de tout. La paix venue, Manech sera porté pour mort, mais elle se battra pour connaître la vérité et le retrouver, mort ou vivant, dans le labyrinthe où elle l'a perdu. Tout au long de ce qu'on appellera ensuite les années folles,  ses recherches seront ses fiançailles. Mathilde y sacrifiera ses jours et, malgré le temps, malgré les mensonges, elle ira jusqu'au bout de l'espoir insensé qui la porte. Elle le recherchera contre vents et marées.


Quelques notes personnelles pour présenter le roman.
Ce qui m'a le moins plu :
 
certains aspects du roman trop peu crédibles (des parents doublés de "tuteurs" à la fois très présents et toujours "discrets", des confidences intimes par lettre à une inconnue, des personnages parfois caricaturaux  - Tina, Mme Conte ; la "Tueuse des armées" dont on n'entend parler que très tardivement, ce qui suppose une absence d'échos dans la presse... alors que tout le roman est une quête d'informations)
Ce qui m'a plu :

- l'évocation de la vie dans les tranchées

- le caractère du personnage principal : son obstination, sa confiance dans son intuition, sa sensualité et sa sensibilité, son mauvais caractère...

- l'expression souvent imagée, fantaisiste, l'humour, les effets dus aux différents niveaux de langue,  une atmosphère évoquant le jeu, l'enfance qui fait que le défaut de crédibilité est oublié

    "Au printemps, un heureux événement se produit à MMM, dans lequel, superstitieuse, elle voit le présage que la sortie du tunnel est proche, que l'année 1924 lui ménage de grandes surprises et pansera bien des plaies. A l'âge mûr, comme on le prétend de certaines femmes, Durandal, la chatte jadis si hautaine de Sylvain, veuve de Camenbert, est saisie d'une véritable frénésie de débauche. N'arrivant pas à choisir entre Uno, Due, Voleur et Maître Jacques, elle jette son dévolu sur les quatre, soit parce qu'ils ne sont pas trop d'un quatuor pour la contenter, soit parce qu'elle a le louable souci d'éviter les zizanies dans la maison. Comme il lui arrive en outre de sortir en ville ou même en forêt, de n'en revenir qu'à la nuit tombante avec des airs passablement alanguis, bien malicieux qui peut dire, le samedi 26 avril, l'auteur des cinq délicieux petits chatons tigrés qu'elle met au monde. Bénédicte et Sylvain fêtent ce jour-là leurs cinquante ans - elle est son aînée de deux jours- et leur trentième anniversaire de mariage. Les cadeaux sont vite faits. Mathilde reçoit D'Artagnan et Milady, Syvain Porthos, Bénédicte Athos, qu'elle s'obstine à prononcer Camenbert, et Maman hérite d'Aramis. Après quoi, Durandal, guérie des passions amoureuses et repentie de ses péchés, se consacrera désormais tout entière à l'éducation de ses enfants." (p. 250)

- les jeux avec le temps : retours en arrière, anticipations et surtout reprise, réitération du même moment, d'une même scène sous différents points de vue, avec sa suite ou sa fin que l'on attend...

C'est, me semble-t-il, la grande réussite du roman que cette "mise au point" de plus en plus précise sur un moment du passé occulté, caché, tu.
La première lecture / vision de la scène qui ouvre le roman demande au lecteur une qualité d'attention et de mémorisation réelles, mais cet "effort" va être soutenu par l'ensemble des personnages du roman qui participent à cette remémoration.
Aussi le lecteur se sent-il à la fois sollicité dans ce travail de recherche, accompagné par les personnages et porteur d'un souvenir partagé... Impression subtile et très agréable !


Un entretien d'Audrey Tautou sur le site @lalettre

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